REJEB, Hichem and KHELIFA BEDHIOUFI, Samiha (2012) Lectures et Analyses des Paysages Méditerranéens. [Teaching Resource]

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Abstract

En français, le mot paysage désigne, depuis le XVe siècle où il est apparu pour qualifier un genre de peinture, l’ensemble des traits perceptibles d’un pays. Le mot paysage existe dans les langues européennes avec des nuances originelles pour signifier le pays (landschaft en allemand, landskap en flamand), ou bien la représentation artistique et littéraire de ce pays (paysage en français, paesaggio en italien). Mais aujourd’hui les deux sens de ce mot sont mêlés autant dans l’usage courant que dans celui des professionnels du paysage. Dans les langues non européennes, le mot paysage peut ou non exister. En arabe, il est exprimé par mandar, masched, et en chinois par shanshui (montagne et eau), ce qui signifie que, dans ces cultures, la relation humaine, essentiellement visuelle, à l’espace et à la nature1 existe et est nommée. En revanche, la langue russe, qui ne dispose pas originellement de mot pour exprimer cette relation a importé les mots landschaft (allemand) et paysage (français) pour signifier les deux pôles de la notion de paysage (les sciences et les arts du paysage). Du point de vue de l’art et de la littérature, le paysage est au pays ce que le portrait est à un visage, une représentation par des paroles, des écrits ou des images. C’est une interprétation mentale, affective et émotionnelle, traduite dans les langages artistique et littéraire, et aujourd’hui très largement médiatisée. Du point de vue des sciences, notamment géographiques et historiques, le paysage est ce qui est vu, décrit et interprété par l’intermédiaire de concepts, et représenté en deux ou trois dimensions, le plus souvent par des cartes ou des diagrammes. Pour les sciences sociales et humaines, le paysage, « partie de territoire telle que perçue par les populations, et dont les caractères résultent de l’interaction de facteurs naturels et culturels », est une construction sociale et culturelle, dont les produits matériels et immatériels varient avec les sociétés, les époques et les cultures. La perception d’un environnement en termes de paysage relève d’un ensemble de valeurs qui contribue à caractériser les individus, les groupes, les sociétés qui construisent cette représentation. Comme les deux versants de cette définition le démontrent, l’étude du paysage permet de situer au coeur du fonctionnement des sociétés et des acteurs qui la composent. La définition de l’environnement est tout aussi large et aboutit au même constat. Nous l’entendons comme l’ensemble des conditions naturelles ou non d’un territoire aménagé par une société. Autrement dit, là encore, la notion de construction autour de « valeurs » est centrale et concerne l’ensemble des acteurs de la société. Les transformations des paysages et de l’environnement sont sources de nombreux affrontements. Du conflit larvé qui empoisonne les relations sociales à l’insurrection et à la violence, la conflictualité relative au paysage ou à l’environnement revêt de nombreuses formes (Américi et Raveux, 2006).

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