Accueil Parcourir par Auteur Parcourir par Année Parcourir par Sujet

Histoires des faits économiques

Bouchrara, Abdellatif (2006) Histoires des faits économiques. Université Virtuelle de Tunis.

Full text not available from this repository.

Abstract

Dans les soixante-cinq années que se sont écoulées du début des années 1880 à 1945 , le monde a connu deux guerres mondiales (1914-1918, 1939 -1945 )et une série de crises économiques dont la plus grave fut celle des années 30. La fin du XIX e siècle et les débuts du XX e siècle été marqués par l’aggravation des disparités mondiales opposant une Europe triomphante, qui dominait le monde dans tous les domaines - technique, financier et économique - aux autres parties du monde. La puissance européenne s’est manifestée au-delà des mers, les grandes nations industrialisées du Vieux Continent contribuant au peuplement des pays neufs d’Amérique du Nord et s’assurant la maîtrise de l’Afrique, de l’Asie et de l’Océanie par l’expansion coloniale. Mais déjà, la suprématie de l’Europe était battue en brèche et son hégémonie contestée par la montée des Etats-Unis, devenus la première puissance industrielle du globe, et du Japon qui ouvert sur le monde extérieur depuis les débuts de l’ère Meiji en 1868. affichait ses ambitions en Asie. Enfin, au-delà des particularités nationales, l’affirmation de la puissance de l’Europe occidentale, des Etats-Unis et du Japon s’inscrivait dans le cadre d’un système économique alors sans rival, le capitalisme, fondé sur la recherche du profit et la concurrence, qui a mobilisé les innovations technologiques et donné naissance à la «société industrielle» caractérisée par l’essor du prolétariat ouvrier. Les liens tissés entre les grandes entreprises capitalistes ont contribué à l’internationalisation de l’économie mondiale qui s’est néanmoins accompagnée de la montée du protectionnisme et de rivalités entre les différents pays, le heurt des intérêts des grandes puissances faisant, selon Lénine, de l’impérialisme «le stade suprême du capitalisme». La guerre 1914-1918 mérite son qualificatif de «Grande» par la place privilégiée qu’elle occupe dans l’histoire de la première partie du XX e siècle. En effet, ses conséquences ont été déterminantes sur la redistribution des hiérarchies mondiales avec le déclin de l’Europe et l’essor des Etats-Unis, ainsi que sur la remise en cause du système capitaliste avec l’installation en 1917 en Russie d’un régime se réclamant du socialisme, le bolchevisme communiste, et la création de 1’URSS en 1922. Le découpage territorial de l’Europe décidé par les traités de paix de 1919-1920, le traité de Versailles pour l’Allemagne principalement, explique en partie la déclenchement de la Seconde Guerre mondiale avec l’invasion de la Pologne en 1939 par les armées d’Hitler qui revendiquait Dantzig et son corridor. Mais la Grande Guerre n’est pas seule en cause car les nazis ne seraient sans doute pas arrivés au pouvoir sans la «Grande Dépression les années 30» et ses millions de chômeurs en Allemagne. En effet, les idéologies dictatoriales et impérialistes, qui devaient précipiter le monde dans l’horreur du second conflit mondiale se sont développées à la faveur d’une crise économique qui remettait fondamentalement en question la nature et le fonctionnement du système capitaliste. Crise de structure, la «Grande Dépression des années 30 » a également produit ses effets dans les démocraties libérales où des difficultés économiques et sociales sans précédent imposaient la recherche de solutions inédites - comme l’intervention de l’Etat préconisée par Keynes - qui ont été mises en oeuvre, notamment, dans le cadre du New Deal de Franklin Roosevelt aux Etats-Unis. En 1945 , le monde sortait de la guerre la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité pour entrer dans une nouvelle période fertile en événements et en bouleversements de tous ordres. Plus de cinquante ans après la capitulation des puissances de l’Axe, qui avaient prétendu instaurer un ordre nouveau fondé sur la dictature, l’asservissement et l’exploitation des peuples, de nouveaux problèmes se posent au seuil du XXI e siècle qui suscitent interrogations et angoisses dans un monde marqué par l’accélération de l’histoire et par de perpétuelles remises en cause. L’accélération des rythmes démographiques est liée à la baisse spectaculaire - bien qu’inégale selon les pays - de la mortalité et à l’allongement de la durée moyenne de la vie. La population mondiale, qui a dépassé les cinq milliards d’individus en 1987 et les six milliards en 1999 (contre 1,6 milliards en 1900), a plus que doublé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, augmentant d’un chiffre supérieur à celui de cette même population depuis les débuts de l’humanité! Selon les prévisions du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) publiées en 1998, le monde devrait compter 8 milliards d’habitants en 2025 et 9,4 milliards en 2050... L’accélération des progrès technologiques a changé le monde dans la mesure où, en quelques décennies, la technique a davantage avancé que durant l’ensemble des siècles précédents, pour le meilleur et pour le pire. Les progrès des transports et des télécommunications ont accru la mobilité des hommes et resserré les liens entre les continents, faisant du monde un «village planétaire» et favorisant la «globalisation» de l’économie. La révolution électronique et informatique a profondément marqué les vingt dernières années du XX e siècle, l’ordinateur devenant la machine emblématique d’une nouvelle révolution industrielle. Fais significatifs il a été vendu dans le monde davantage d’ordinateurs que d’automobiles en 1998 et il doit s’en vendre davantage que de téléviseurs en 1999... Les conditions de travail et de vie en ont été bouleversées et l’homme a élargi ses horizons au-delà du globe terrestre en explorant les espaces interplanétaires. Mains la maîtrise du monde s’est accompagnée d’une dilapidation des ressources non renouvelables et de la multiplication des atteintes à l’environnement qui hypothèquent l’avenir des générations futures, tandis que le progrès des technologies nucléaires, expérimentées lors de la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945, sont lourds de menaces comme en témoigne l’explosion d’un réacteur de la centrale soviétique de Tchernobyl en 1986. L’accélération des changements économiques explique la multiplication et la diversification des biens d’équipement, de consommation et des services dans les pays industrialisés, mais a contribué à creuser l’écart entre les nations développées et les pays sous-développés (qualifiés aujourd’hui de pays «en développement» les PED) dans la mesure où l’expansion s’est inscrite dans un ordre économique mondial profondément inégalitaire. Avant la Seconde Guerre mondiale, 1’URSS était le seul pays communiste dans un monde alors dominé par les Etats-Unis et les grandes puissances d’Europe occidentale. Après la guerre, le communisme s’est installé, de 1945 à 1948, dans les pays d’Europe centrale occupés par l’armée rouge, puis en Chine en 1949 et, enfin, à Cuba et dans une partie de l’Asie du Sud-Est, s’étendant ainsi sur un tiers de la population du globe. Les Etats-Unis ont assuré la direction du «monde libre» face à l’Union soviétique, les deux «Grands» se partageant la planète dans un système bipolaire au sein duquel ils se sont affrontés durant la «guerre froide» avant de cohabiter dans le cadre de la «coexistence pacifique». C’est ainsi que, durant près de cinquante ans, une logique «bloc contre bloc » a présidé aux destinées de l’humanité, la peur du cataclysme nucléaire interdisant le recours à un conflit généralisé. Et pourtant, cette bipolarité n’excluait pas une certaine diversité liée, d’abord, à l’évolution interne de chacun des blocs. Au sein, du monde occidental, à l’Europe triomphante du début du siècle, déjà amoindrie par les deux conflits mondiaux, a succédé une Europe communautaire, baptisée Union européenne depuis 1993, forte de six, neuf, douze puis quinze pays, mais démographiquement affaiblie et à la recherche d’une problématique unité. Les vaincus de la Seconde guerre mondiale, l’Allemagne et le Japon, pays aux monnaies fortes et aux excédents commerciaux records, ont remis en question la suprématie écono mique des Etats-Unis.Au sein du monde communiste, la rupture entre Moscou et Pékin au début des années 60 a sonné le glas du vieux rêve d’internationalisme prolétarien, la Chine a rétabli ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis et a voulu s’affirmer comme un modèle pour les autres pays sousdéveloppés. Ces derniers pays, anciennes possessions européennes pour la plupart, se sont émancipés des métropoles coloniales et ont constitué un troisième pôle, qualifié en 1952 de Tiers monde par Alfred Sauvy, dont l’émergence a rompu l’apparente simplicité du monde bipolaire né aux lendemains de la guerre. La volonté d’émancipation économique des pays du Tiers monde s’est manifestée par la création, au début des années 60, de l’OPEP, qui a été à l’origine du premier choc pétrolier en 1973, et par1’exigence qu’ils ont manifestée de voir s’instaurer un nouvel ordre économique international moins défavorable aux intérêts des pays pauvres. La fin des années 80 et le début des années 90 ont été marqués par des bouleversements majeurs qui contribuent à dessiner un ordre planétaire fondé sur de nouveaux rapports de force entre les différents ensembles géopolitiques. Le fait majeur est l’effondrement du communisme en Europe et en URSS, qui a entraîné la disparition du rideau dé fer et du monde bipolaire nés de la Seconde Guerre mondiale. Les étapes de ce processus d’écroulement du bloc de l’Est ont été la disparition du mur de Berlin (en novembre 1989) et la réunification de l’Allemagne (en octobre 1990), la chute des régimes communistes dans les Démocraties populaires d’Europe centrale en 1989-1990, la liquidation du pacte de Varsovie et du Comecon (juinjuillet 1991) et, enfin, 1’implosio’n de l’URSS en décembre 1991 sous les effets de la désorganisation économique et des mouvements séparatistes des nationalités non russes. Les pays de l’ancien empire soviétique sont confrontés aujourd’hui aux problèmes du postcommunisme, c’est-à-dire à la reconstruction d’économies ruinées par des décennies de gestion administrée et planifiée et à l’introduction de l’économie de marché, qui ne pourront être résolus qu’à l’issue d’une longue période de transition dont le terme apparaît aujourd’hui difficile à fixer. Au sein du monde occidental, les Etats-Unis ont affirmé leur leadership mondial à l’occasion de la guerre du Golfe arabo-persique au début de 1991 et, l’URSS disparue, sont désormais la seule superpuissance militaire. L’hégémonie économique américaine est pourtant contestée par l’Europe occidentale (dont la nouvelle monnaie, l’euro, adoptée depuis janvier 1999 par onze pays de l’Union européenne se pose en rival du dollar) et le Japon avec lesquels les affrontements commerciaux se sont multipliés. Certes, les Etats-Unis, l’Europe occidentale et le Japon sont les trois pôles de la Triade (Kenechi Ohmae) qui domine l’économie mondiale, mais le capitalisme qui a triomphé du communisme saura-t-il faire ,face aux défis de l’avenir que sont, notamment, la transition vers l’économie de marché des pays de l’Est dont la réussite dépend d’une aide massive de l’Occident, la montée de l’intégrisme dans les pays islamiques et le partage des richesses entre les pays nantis d’une part et, d’autre part, les pays du Sud, riches en hommes mais sur endettés et sous-développés ? Certains ont prophétisé "la fin de l’histoire" (Francis Fukuyama - 1989), c’est-à-dire le triomphe définitif de la démocratie et du libéralisme économique, d’autres (Samuel H. Huntington -1998) le «choc des civilisations» car l’économie mondialisée ne produira pas de civilisation mondialisée en raison de l’irréductibilité des. identités culturelles. Il est vrai que la tendance à l’uniformisation des conditions matérielles de vie dans le cadre d’une économie mondialisée et «américanisée» s’accompagne d’une renaissance des nationalismes responsable de nombreux affrontements, notamment en Europe avec les conflits balkaniques dont la Bosnie et le Kosovo ont été le théâtre durant les années 90. Uniformisation ou fragmentation ? Un nouveau monde est né, mais qui reste largement à inventer en ce XX e siècle finissant. De 1945 à l’aube des années 70, le monde a connu une expansion économique sans précédent qui a étendu les bienfaits de la consommation de masse des Etats- Unis à l’ensemble des nations industrialisées de l’Occident. Mais les excès des «Trente glorieuses» ont fait que des voix de plus en plus nombreuses se sont élevées pour préconiser une «croissance zéro». Ce ralentissement de la croissance, la nouvelle crise économique mondiale, provoquée par l’abandon de la convertibilité en or du dollar (1971) et le premier choc pétrolier (1973), n’allait pas tarder à le provoquer, les dérèglements monétaires et la fin de l’être de l’énergie abondante et bon marché marquantl’entrée des pays industrialisés dans une nouvelle époque, celle de la «stagflation» qui combinait le ralentissement de la croissance et la hausse des prix. Certes, le monde a connu, à partir de 1983, une nette désinflation, une baisse des coûts du pétrole et une reprise de l’activité, notamment aux Etats-Unis qui ont connu les deux périodes d’expansion économique sans récession les plus longues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale de 1983 à 1990 et depuis 1992. Mais les rythmes de la croissance mondiale sont demeurés peu élevés et l’économie internationale reste soumise aux caprices du dollar dans un système monétaire délabré. L’optimisme manifesté par de nombreux responsables politiques et économiques lors de l’effondrement du communisme en Europe et en URSS a été vite démenti, la crise du début des années 90 se révélant plus grave encore que celle de 1974- 1975 puisqu’elle évoquait pour beaucoup la dépression et la déflation des années 30. Les déséquilibres financiers se sont aggravés avec le surendettement du Tiers monde, l’accumulation des déficits budgétaires et commerciaux aux Etats-Unis et le déchaînement de la spéculation. Les crises mexicaines de 1982 et 1994-1995, le krach boursier de 1987, les difficultés du Japon depuis le début des années 90, la crise des pays du Sud-Est asiatique depuis 1997, la tourmente financière et monétaire dans laquelle la Russie s’est trouvée plongée en 1998, la crise brésilienne en 1999 sont autant de signaux d’alarme d’une mondialisation mal maîtrisée et de la nécessité de définir de nouvelles règles du jeu pour les acteurs - entreprises multinationales et Etats nationaux - de l’économie. Il apparaît que les remèdes utilisés jusqu’alors pour faire face à ces difficultés sont souvent dépourvus d’efficacité, les solutions sociales-démocrates comme les solutions libérales, et le fléau du chômage touche des dizaines de millions de familles, engendrant une «nouvelle pauvreté» et faisant des pays développés des sociétés dualistes où la richesse côtoie la précarité et la misère. C’est là un autre défi de cette fin de siècle que d’imaginer les voies et les moyens d’un retour vers la prospérité en redéfinissant la place et le rôle du travail dans des sociétés où l’économie sera, d’abord et avant tout, au service des hommes.

Type du document: Book
Sujets: Cours > Sciences économiques et de gestions
Divisions: UNSPECIFIED
Déposé par: Editeur UVT
Date de dépôt: 14 Jun 2011 12:27
Dernière modification: 18 Jul 2011 11:39
URI: http://pf-mh.uvt.rnu.tn/id/eprint/474

Actions (login required)

View Item
Derniers ajouts dans le e-doc
Consulter les derniers documents ajoutes à cette archive au cours de la dernière semaine.
Recherche dans le e-doc
test
Parcourir le e-doc
Parcourir le repertoire e-doc par sujet, auteur...

UVT e-doc est propulsé par EPrints 3 développé par School of Electronics and Computer Science Université de Southampton. Information et Crédits., docs.